Créer une entreprise après un échec

Pas facile de rebondir et de se lancer dans une nouvelle aventure entrepreneuriale après la défaillance de sa société. Peu de monde pour vous tendre la main et vous offrir une deuxième chance. A vous de la saisir !

La France compte 4,2 millions d’entreprises qui jouent un rôle incontournable dans l’économie du pays. Et plus particulièrement les PME qui représentent la quasi-totalité d’entre elles. Car ce sont ces petites et moyennes entreprises qui créent la moitié des emplois et de la valeur ajoutée des entreprises.

Dans ce contexte, encourager l’entrepreneuriat apparaît essentiel. Or, ceux qui ont échoué subissent souvent l’opprobre et n’ont plus la confiance des banques. Pourtant, l’échec n’est en rien honteux.

Au contraire, le parcours et les compétences de ces hommes et femmes qui ont déjà tenté leur chance sont une force. Une défaite n’est en rien définitive. Ainsi, en s’attachant seulement aux aspects positifs de la situation, on pourrait voir dans cet échec l’expérience acquise et même la diminution du risque de défaillance future. Il serait en effet regrettable de se passer du talent et de l’audace de ne serait-ce qu’un seul entrepreneur en ce qu’il est potentiellement créateur de richesse et d’emplois.

Sommaire

Se faire accompagner

Plusieurs associations sont spécialisées dans l’accompagnement des entrepreneurs en difficulté ou qui ont fait faillite. L’objectif est de les aider à se reconstruire et à rebondir.

Quatre d’entre elles, assez complémentaires, se sont réunies dans un groupement d’intérêt associatif baptisé Portail du rebond. Ce site oriente les entrepreneurs vers la structure la plus adaptée à leur situation, selon leurs besoins.

Pour ceux qui veulent se relancer, une structure se distingue, 60 000 Rebonds. Elle s’est donnée pour mission de sortir de la solitude les entrepreneurs après une faillite et de les accompagner pour qu’ils rebondissent vers un nouveau projet professionnel. Elle va même plus loin, sa finalité étant de faire changer le regard de la société sur l’échec. Gratuit, l’accompagnement peut durer jusqu’à 24 mois. Il donne lieu à un entretien et une présentation préalable.

Puis, tout un programme est assuré : un coaching pour un soutien psychologique afin d’accepter son échec et de reprendre confiance dans son expérience et dans ses talents ; des ateliers-conférences pour parfaire ses connaissances ; un groupe d’échange et de développement pour soumettre ses questions et ses projets à un groupe de bénévoles qui répond avec bienveillance ; et un parrainage par un chef d’entreprise pour un accompagnement dans la détermination du nouveau projet.

L’association, qui s’appuie sur un réseau d’experts, est implantée dans 27 villes.

Regagner la confiance des banques

Tous les entrepreneurs qui ont déjà connu un échec le savent : il est excessivement difficile de retrouver la confiance d’une banque et donc les moyens financiers pour une nouvelle création.

Or, après une liquidation judiciaire, l’entrepreneur n’a souvent plus les liquidités suffisantes pour offrir un apport personnel à son nouveau projet. La question du financement est alors essentielle.

Il y a quelques années, la situation était pire encore. Les dirigeants en faillite apparaissaient sous l’indicateur 040 dans le fichier FIBEN de la Banque de France, ce qui les empêchait d’accéder au crédit bancaire. Cette mention a été supprimée en septembre 2013 pour ceux qui affichent une seule situation de liquidation judiciaire au cours des cinq dernières années (art. D144-12 du Code monétaire et financier).

Malgré cette évolution, l’accès au financement reste problématique. Le banquier peut reconstituer l’historique de l’entrepreneur grâce aux informations dont il dispose et notamment via Internet. Son profil n’est pas écarté d’office mais il est identifié comme étant à risque.

Là encore, les associations du secteur ont un rôle à jouer. Grâce aux partenariats qu’elles développent, elles peuvent aider à trouver des financements. Pour le reste, il faut tenter de convaincre les banques de la solidité de son nouveau projet et espérer que la situation évolue prochainement.

Face au blocage des banques traditionnelles, les pouvoirs publics pourraient, par exemple, bien- tôt décider que BPI-France, la banque publique d’investissement, prenne le relais du financement, accompagnant ainsi les entreprises, comme cela est sa mission. Une proposition du Portail du rebond mais aussi du notariat va dans ce sens.

En cas d’interdiction de gérer

Pour se lancer dans une nouvelle création d’entreprise, il faut bien sûr être en capacité juridique de le faire. Pas question d’être sous le coup d’une interdiction de gérer. Or, dans le cadre des procédures collectives, les dirigeants d’entreprise en difficulté s’exposent à une telle sanction s’il apparaît notamment que les problèmes de l’entreprise ont été causés par leur incompétence (fautes de gestion, imprudence, négligence) ou malhonnêteté.

Ainsi, si vous êtes concerné par une telle sanction, il vous faut impérativement patienter jusqu’à la fin de la mesure (au maximum quinze ans) avant de vous lancer à nouveau dans la création et la gestion d’une entreprise.

Autre solution, demander à la juridiction qui vous a condamné de lever la peine. Vous avez toutes les chances de l’obtenir si vous avez apporté une contribution suffisante au paiement du passif de votre entreprise ou si vous présentez toutes les garanties démontrant votre capacité à diriger ou contrôler une entreprise. Pour cette démarche, il est conseillé de faire appel à un avocat spécialisé en droit des affaires.

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